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qu’à ceux d’une amante ; mais je sentais de la volupté dans sa tendresse. Je la sentais d’autant plus, cette volupté, que tous mes organes étaient neufs, que mon cœur était naïf. Cette fraîcheur des sentiments de l’adolescence n’est-elle pas mille fois préférable à l’impétuosité avec laquelle, quelques années plus tard, on épuise toutes les jouissances de la jeunesse ? C’est à quinze ou seize ans qu’on éprouve tout ce que l’amour a de divin. Passé cet âge, ce n’est plus qu’une passion ou un délassement.

Une nuit on cria terre : c’était un feu, que l’homme placé au bossoir venait de découvrir. Tout le monde s’assembla derrière ; les uns