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D’ailleurs on ne peut qu’admirer les vifs mouvements de charité, dont les Français réfugiés ou prisonniers dans leur patrie furent l’objet dans l’Europe entière. En Hollande, comme en Allemagne, en Suisse et en Angleterre, c’étaient des étrangers qui venaient secourir et chérir les Français gémissant sur les galères de la France. Nous citerons à la fin de ce volume une pièce bien douloureuse, mais remarquable et par les détails qu’elle nous conserve sur les martyrs et par la tendre sympathie de leurs frères des Provinces-Unies, (Voy. Pièc. just. no iii.) Nous ne voulons pas cependant examiner quelle pouvait être la population exacte de cette masse de Français chassés par l’intolérance. La question, assez fâcheuse et dénuée d’intérêt, est à peu près insoluble aujourd’hui. On ne pourrait la tenter qu’en recherchant dans tous les pays protestants de l’Europe les colonies de calvinistes français qui s’y réfugièrent ; encore il faudrait distinguer celles qui sont éteintes aujourd’hui par leur fusion avec les nationaux. Cette circonstance a dû arriver très-souvent, et finira par arriver toujours. « Une des plus puissantes consolations de ces troupes fugitives, disait le pasteur réfugié de La Haye, c’est que vous ne dédaignez pas de les confondre avec ceux qui ont eu le bonheur de naître sous votre gouvernement, c’est que vous n’exigez pas qu’il y ait deux peuples au milieu de vous ; c’est que vous avez la condescendance de nous considérer comme si nous vous devions la naissance, ainsi que quelques-uns de nous vous doivent leur entretien, et que tous vous doivent leur repos et leur liberté. » (Saurin, Sermon sur l’amour de la patrie,[1] On voit que

  1. Nous jetterons ici quelques jalons pour ceux qui voudraient entreprendre