Page:Coquerel - Histoire des églises du désert, Tome 1.djvu/93

Cette page a été validée par deux contributeurs.
79
des églises du désert.

nous ayons à l’extinction de l’hérésie, notre joie l’emporterait peu sur notre douleur, si, pour surmonter cette hydre, une fâcheuse nécessité avait forcé votre zèle à recourir au fer et au feu, comme on a été obligé de faire dans les règnes précédents. Nous prendrions part à une guerre qui serait sainte, et nous en aurions quelque horreur, parce qu’elle serait sanglante ; nous ferions des vœux pour le succès de vos armes sacrées, mais nous ne verrions qu’avec tremblement les terribles exécutions dont le Dieu des vengeances vous ferait l’instrument redoutable ; enfin nous mêlerions nos voix aux acclamations publiques sur vos victoires, et nous gémirions en secret sur un triomphe qui, avec la défaite des ennemis de l’Église, envelopperait la perte de nos frères.

« Aujourd’hui donc que vous ne combattez l’orgueil de l’hérésie que par la douceur et par la sagesse du gouvernement, que vos lois, soutenues de vos bienfaits, sont vos seules armes, nous n’avons que de pures actions de grâces à rendre au ciel, qui a inspiré à Votre Majesté ces doux et sages moyens de vaincre l’erreur, et de pouvoir, en mêlant avec peu de sévérité beaucoup de grâces et de faveurs, ramener à l’Église ceux qui s’en trouvaient malheureusement séparés Ce que votre zèle a déjà fait, la postérité le regardera toujours comme la source de vos prospérités et le comble de votre gloire. » (Disc. pron. à la tête du clergé, par l’abbé Colbert, coadjuteur de Rouen, pour remercier Louis XIV de l’édit du 22 octobre 1685, révoquant celui de Nantes.)

Les arts mêmes furent appelés à fêter ces victoires déplorables contre une hérésie si industrieuse et si pacifique. Faudra-t-il rappeler les figures hideuses que le calice met en fuite, dans un des plus brillants