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beau que tout ce qu’il contient, et jamais aucun roi n’a fait et ne fera rien de plus honorable. » (Lett. de Mme  de Sévigné au comte de Bussy. 28 octobre 1685.) « J’admire la conduite du roi pour ruiner les huguenots ; les guerres qu’on leur a faites autrefois, et les Saint-Barthélemi ont multiplié et donné vigueur à cette secte. Sa Majesté l’a sapée petit à petit, et l’édit qu’il vient de donner, soutenu des dragons et des Bourdaloue, a été le coup de grâce. » (Lett. du comte de Bussy à Mme de Sévigné, 14 nov. 1685.) « Tout est missionnaire présentement ; chacun croit avoir une mission, et surtout les magistrats et les gouverneurs de province, soutenus de quelques dragons ; c’est la plus grande et la plus belle chose qui ait été imaginée et exécutée. » (Lett. de Mme  de Sévig. au président de Moulceau, 24 nov. 1685.) Il serait superflu de faire la moindre réflexion sur ces badinages. Ils montrent assez tout ce qui manquait au grand siècle. D’autre part, il arriva souvent, à cette époque, qu’un rigorisme apparent vint couvrir toute cette frivolité de jugements en matières théologiques. L’esprit religieux du plus beau temps de Louis XIV se peint fort exactement dans ce qui arriva lors de la mort de Molière, qui expira le 17 février 1673. En réponse à la requête de sa veuve, l’archevêque de Paris accorda la sépulture ecclésiastique « à condition, néanmoins, que ce sera sans aucune pompe, et avec deux prêtres seulement, et hors des heures du jour, et qu’il ne sera fait aucun service solennel. » (Voyez les pièces authentiques, Vie de Molière, par Auger, éd. de Paris, 1819, p. 164.) Ce docte commentateur remarque que ce même archevêque de Paris, Harlay de Champvallon, qui refusait la sépulture à Molière, parce qu’il était mort presque sur le théâtre, mourut lui-même