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tion d’une affaire administrative. Louis XIV voulut administrer les consciences ; il vit que ce n’était pas chose facile. Aussi, sa tentative hardie eut pour résultat de faire beaucoup de mal, de priver la patrie d’une portion très-sensible de ses populations les plus utiles ; mais elle ne réussit aucunement à établir l’uniformité de religion. Louis le Grand fut obligé de traiter avec les camisards des Cévennes.

On peut surtout s’étonner que tout cet assemblage de mesures n’ait point révolté l’équité naturelle du monarque ; il faut cependant faire ici quelques observations. D’abord, les adulations de sa brillante cour, et l’encens perpétuel des arts et des lettres n’ont pu manquer de l’égarer et d’obscurcir un esprit naturellement ferme et droit. Il est plus évident encore que Louis XIV ignora toujours le véritable état des choses. Le témoignage bien authentique de Saint-Simon nous le dépeint comme enfermé dans Versailles, sans communication possible avec le véritable pays. Il était excessivement difficile, et toujours fort téméraire de faire lire un placet ou d’adresser quelques paroles à Louis XIV. Les sultans d’Asie de la race pure des Seldjoucides peuvent seuls nous donner une idée de la position de ce roi au milieu de la France. Ces choses méritent d’être prises en considération par l’histoire. À moins qu’il ne tombe aux mains d’un homme très-supérieur, il est de la nature du pouvoir absolu de ne savoir ni ce qu’il fait, ni où il va. Aussi, la tyrannie au milieu d’un peuple éclairé, peut quelquefois produire une solitude involontaire, qui en est la conséquence et le châtiment.

L’équité nous porte à développer en quelques mots ces réflexions, en les appuyant sur les seules autorités compétentes, celle des témoignages con-