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peuvent être tombés dans ces négligences, et qu’en général vous les avertissiez que le roi est très-mécontent de leur peu d’exactitude à l’exécution de ses ordonnances ; qu’ils aient à l’avenir à y être plus attentifs, et qu’ils ne doivent jamais, par quelque considération que ce soit, ni par aucun respect humain, se dispenser de faire leur devoir dans les choses qui intéressent si fort la religion. » (Versailles, le 6 février 1715.) Cette épître est doublement remarquable. Elle fait bien ressortir l’esprit qui animait le Conseil de Louis XIV contre ses sujets réformés ; en même temps, elle honore le clergé catholique du royaume. On se sent en vérité serrer le cœur en lisant les odieuses réprimandes de Pontchartrain contre ceux qui répugnaient à se faire les ministres dociles des édits. D’un autre côté, cette épître prouve fort bien qu’en une foule de points de la France, les barbaries inquisitoriales contre les parents réformés, contre les moribonds et contre les cadavres, n’étaient pas du goût de beaucoup de dignes prêtres des autels. On n’a pas assez signalé cette résistance des curés aux édits de Louis XIV. Elle confirme ce que disait le célèbre Jean Claude, lorsque avec des compagnons d’infortune tels que Basnage, Bayle et le jeune Jacques Saurin, obligé de fuir la France, il protesta que toutes ces barbaries n’avaient pas l’approbation de ses compatriotes catholiques[1]. Il serait

  1. « Après cette cassation qu’y aurait-il, je vous prie, désormais de ferme et d’inviolable en France, je ne dis pas seulement pour les fortunes des particuliers et pour celles des maisons, mais encore pour les établissements généraux, pour les autres lois, pour les compagnies souveraines, pour l’ordre de la justice et de la police, et en un mot pour tout ce qui sert de base et de fondement à la société, pour les droits même inaliénables de la couronne et pour la forme du gouvernement. Il y a dans le royaume un très-grand nombre de personnes éclairées, je ne parle pas de ces faiseurs de vers, qui pour le prix d’une douzaine de madrigaux ou de quelque panégyrique du