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histoire.

à la Salle, et de ce nombre était le père d’un ministre réfugié en Suisse, Teissier Viguier, de Durfort. Dans cette même année, beaucoup d’autres réunions furent surprises ; les carrières de Mus, près de Nîmes, les bois près d’Uzès, les vallons du Vigan ne purent servir d’asile aux assemblées : les Bétrine, les Pradet, les de Belcastet, les de Tomeyrolles, qui furent ou blessés ou suppliciés par suite des mesures de l’intendant Baville, ouvrirent la longue série des confesseurs[1]. De tels détails nous écarteraient bien loin de notre sujet ; nous rappelons les premiers événements de la fin de 1685 et ceux de 1686 pour faire voir que jamais les assemblées ne cessèrent tout à fait, et que dans le même mois où le somptueux temple de Charenton, près de Paris, fut nivelé avec le sol, en novembre 1685, les assemblées religieuses des Cévenols se passèrent de tout édifice humain et s’ouvrirent sous les voûtes du ciel.

Il est impossible de ne pas faire quelques courtes réflexions sur des événements aussi singuliers et aussi graves. De quelque manière que l’on juge la politique de la cour de France, à propos de la révocation complète de la liberté religieuse, il est permis de supposer que le roi ignora absolument les détails des mesures qui avaient été prises, et que le clergé l’entraîna sans doute bien plus loin qu’il n’aurait été lui-même. Il est certain que les mesures militaires, qui ont reçu le nom de dragonnades, furent de l’inven-

  1. Voy. les Pièces justifie, du Mémoire historiq. de 1744, p. 280, à la suite du traité de la Nécessité du culte public, par Arm. de la Chapelle. Francfort (Amsterdam, 1747). C’est le tableau le plus détaillé qui ait été imprimé des persécutions d’une seule époque du xviiie siècle, celle de 1744 et 1745 ; il fut sans doute communiqué au pasteur de La Haye par le comité de Lausanne et Antoine Court.