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rent la révocation définitive de l’édit de Nantes d’avec celles qui préparèrent cet événement. Ces dernières, sauf les lois contre les émigrations et celles des incompatibilités pour certaines professions, avaient plutôt le caractère de mesures vexatoires que de persécutions franches. La première de cette série, qui s’étend dans un espace de seize années, depuis 1669 jusqu’en 1685, année de l’édit de révocation, est cette longue et minutieuse déclaration du 1er février 1669, qui règle une foule de points tracassiers, mais d’importance secondaire ; les ministres ne devaient point s’intituler pasteurs, ni se servir de termes injurieux dans leurs prêches, ni porter robes et soutanes que dans l’enceinte des temples, et les réformés étaient obligés de rendre certains honneurs lors du passage des processions ; d’ailleurs, le préambule de la déclaration annonce le projet de conserver entre protestants et catholiques << une bonne amitié, union et concorde. » Dix ans plus tard, une loi bien plus sévère prononça le bannissement, l’amende honorable, et la confiscation contre toute personne

    gibets, supplices inouïs jusqu’à notre siècle, répondez et déposez ici contre l’Éternel. Mais si nous considérions Dieu comme juge, quelle foule de raisons ne pourrions-nous pas alléguer pour justifier ces coups dont il vous a frappés ! Vous le savez et ne le savez que trop, la facilité avec laquelle on jouit de la présence de Dieu diminue souvent à nos yeux le prix de cet avantage. — Rappelez à votre mémoire ce temps, qui lui est si cher, ce temps où la religion était prêchée dans les lieux de notre naissance, et où Dieu par une bonté admirable nous accordait en même temps les biens spirituels et les prospérités terrestres. J’en atteste vos consciences : connaissiez-vous alors tout ce que valaient ces faveurs. N’étiez-vous jamais dégoûtés de cette manne, qui tombait chaque jour à vos portes. » (Saurin. Sermon pour le jeûne de 1706.) Il faut remarquer que ce passage, l’un des plus sombres du grand orateur, fut prononcé sous l’impression récente de la guerre camisarde, lorsque les cruautés inouïes et les supplices de Baville épouvantaient encore la province natale de Saurin.