Page:Coquerel - Histoire des églises du désert, Tome 1.djvu/61

Cette page a été validée par deux contributeurs.
47
des églises du désert.

avait ordonné la saisie des biens de tous ceux qui étaient sortis du royaume, à moins qu’ils ne revinssent dans quatre mois, à partir du jour de la publication de l’édit ; le roi prorogea ce terme jusqu’en mars 1687, « voulant encore donner à nos sujets, pour leur salut et pour la conservation de leurs biens, de profiter de notre bonté et indulgence ; » mais un an plus tard, le roi ordonna que les biens des consistoires, des ministres, et ceux de tous fugitifs de la religion prétendue réformée, seraient enfin réunis au domaine royal, pour en être fait des baux aux fermiers des domaines de chaque généralité ou autres particuliers et derniers enchérisseurs, le tout pour être employé au bien des écoles, hôpitaux, et généralement de la religion ; ceux « qui seront convaincus d’avoir prêté leurs noms aux ministres ou à nos sujets fugitifs pour mettre à couvert tout ou partie de leurs biens » seront contraints au paiement du double de la valeur entière, et ceux qui dénonceront des biens recelés ou cachés des ministres ou fugitifs recevront moitié de la valeur

    notre conscience ; nous allâmes la chercher, dût-ce être dans les antres et dans les déserts. Le zèle donnait du mouvement au vieillard que les années avaient rendu comme immobile. Les pères et les mères chargeaient sur leurs épaules des enfants qui ne pouvaient pas encore connaître la grandeur du péril auquel on voulait les arracher, et chacun, content d’avoir sa vie pour butin, ne demandait que cette précieuse liberté qu’il avait perdue. Nous la trouvâmes au milieu de vous, nos généreux bienfaiteurs ; vous nous reçûtes comme vos frères, comme vos enfants, et aujourd’hui vous permettez encore à une poignée de nos exilés de bâtir eux-mêmes un temple au Dieu que nous adorons avec vous… Ah ! sans doute, ceux de nos compatriotes qui ont encore présente à l’esprit l’idée de ces temples dont la perte nous cause tant de regrets, n’auront pas une joie toute pure. — Les chefs, les pères, qui ont vu la première maison, pleureront à haute voix, de sorte qu’on ne pourra distinguer la voix de l’allégresse de celle de la douleur. Mais pourtant louons aujourd’hui tous ensemble ce Dieu, qui se souvient d’avoir compassion. » (Saurin, Sermon pour la consécration du temple de Voorburg.)