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des églises du désert, ceux de Grenoble et d’Aix, que s’élevèrent bientôt, par les écrits et les sages harangues des Ripert de Monclar et des Servan, les protestations les plus éloquentes en faveur des Français protestants persécutés et de leur état civil foulé et méconnu. Il faut surtout se rappeler que, jusqu’à la veille de la révolution française, les édits intolérants ne furent point abolis ; qu’ils formaient toujours la législation du temps ; et que, toutefois lentement et par le seul effet des lumières, ils étaient devenus absolument inexécutables. Tombés en une désuétude complète, ils furent enfin totalement abandonnés par les magistrats comme par l’administration, et il y avait longtemps que la verge des oppresseurs s’était flétrie lorsque Louis XVI acheva de la briser. Il faut donc reconnaître que l’opinion publique de la France, dès qu’elle put agir au xviiie siècle, répudia sans hésiter le monstrueux héritage des édits de Louis XIV. Plus tard, la France, agissant enfin librement par ses représentants, rétablit l’édit de Nantes ; elle fit mieux encore ; elle fit une chose et plus sage et plus sainte ; elle décréta l’égalité de tous les cultes devant la loi civile. En écrivant ces dernières lignes, nous anticipons sur la conclusion de notre ouvrage ; mais nous avons encore bien des mauvais temps à raconter ; condamnés à rentrer dans cette nuit d’oppression sans fanatisme, nous nous plaisons à y prévoir l’instant religieux, tant souhaité par les protestants du désert, où le jour de la tolérance devra se lever.