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ment nous prive de pouvoir montrer l’impression que faisaient leurs malheurs et leur sort sur le public. Nous ne le pouvons, puisque les écrivains n’en parlent aucunement pour ainsi dire. Nous ne pouvons apprécier ce qu’en pensaient les esprits du jour. Les brillants écrivains de la France philosophique du xviiie siècle, par une raison de silence qui remplaça l’égoïsme de Dangeau, ont été encore moins explicites que ce courtisan frivole sur les aventures des hérétiques français. Ils ne se sont pas informés du sort de tant de leurs compatriotes, qui se tenaient obstinément hors de la loi commune, acceptant, par respect pour leur foi, de vivre comme les parias d’une nation civilisée. Nous ferons voir, dans la suite de cet ouvrage, que la position de la race qui ressembla le plus dans toute l’Europe à celle des protestants français, celle des catholiques irlandais à l’égard du gouvernement britannique anglican, ne saurait aucunement se comparer, sous le point de vue civil et de culte, à celle des protestants du désert vis à vis des édits de nos rois. Il faut donc avoir recours aux pièces inédites et aux brèves indications jetées dans la correspondance secrète du désert, pour deviner, autant que cela est possible aujourd’hui, le jugement des contemporains et l’impression générale, quant aux lois compliquées et iniques qui pesaient sur les sujets protestants. On découvre alors assez clairement, et non sans quelque

    la France au xviiie siècle. Cependant, même sous le point de vue purement politique, les négociations des intendants avec les églises du désert, lors des guerres de 1740-1748, forment un épisode à la fois grave et inattendu. Il y aura donc une lacune à remplir dans les histoires de France qui ont aspiré à raconter le xviiie siècle. On reconnaîtra que les causes qui ont un pied populaire peuvent tenir et peuvent même croître, sans faire parler d’elles, luttant contre la rigueur des lois et l’oubli des contemporains.