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soutiendraient dans son impiété, jusqu’à ce qu’il obéisse aux commandements de l’apôtre, qui dit que l’esprit des prophètes est soumis aux prophètes (1ère aux Corinth. xiv, 32, mss. P. R.).


Cet acte synodal, délibéré et signé au désert, est une pièce fondamentale en ce qui touche l’histoire de la renaissance des églises réformées après la dernière guerre de religion. On remarquera combien elle porte l’empreinte des temps. Tout y est dirigé vers l’affermissement de la discipline et vers le but d’attacher quelque garantie à l’exercice des fonctions du ministère. Les précautions sévères prises contre les excès des inspirés, la rigueur extrême de l’article qui décide que nulle aide ne sera accordée à ceux qui iraient au-devant de la persécution, au lieu de l’attendre avec courage et de l’éviter avec prudence ; tout atteste un temps encore agité, plein de difficultés et de périls, et aussi tout y confirme les détails rapportés par le ministre Court dans sa notice personnelle. Ce qui donne une idée exacte des dangers auxquels s’exposaient ces courageux ministres, et aussi de la rareté de pasteurs vraiment à la hauteur de l’œuvre, et ce qui attache un nouvel intérêt à ce monument vénérable, c’est le sort des signataires de la délibération. Il paraît que le ministre Court, malgré tout son discernement et ses recherches, n’avait pu trouver des collègues tels qu’il les souhaitait. En effet, des six signataires de cette délibération, deux, « Jean Huc et Jean Vesson, furent l’un et l’autre pendus à Montpellier, le 22 avril 1723 ; le premier se fit catholique, et le second fut conduit dans les prisons vêtu d’une aube à la façon des anciens sacrificateurs. Il était devenu le chef de la plus extravagante secte que l’esprit humain ait peut-