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des églises du désert.

théories reçues de nos jours, le fait de ces églises du désert, appartenant à une race tout à fait méridionale, et cependant ayant conservé si obstinément et si longtemps leur culte et leur croyance, sans aucun temple ni signe extérieur qui pût faire appel aux imaginations. Le symbolisme n’est donc point nécessaire à un culte fervent et profond, même au milieu des populations du midi de l’Europe. Ce fait remarquable peut déjà être conclu des nombreux renseignements que nous avons insérés touchant la vie intérieure et dogmatique des églises du désert. Il sera pleinement confirmé par la suite de leurs annales, lorsque, étendant le cercle de nos recherches domestiques et ecclésiastiques, nous appellerons en témoignage les archives administratives et inédites du gouvernement de Louis XV. Nous verrons alors combien la foi du désert, si tenace et si simple, si dénuée de toute force externe et si riche de la puissance du dedans, fut un objet aussi embarrassant qu’il était incompréhensible pour les évêques, pour les commandants et pour les hommes d’état.

Seulement, en terminant cette première partie des annales du désert, il nous est difficile de ne pas dire un mot de la position philosophique de leur temps. Il nous est difficile de ne pas tâcher au moins d’y trouver l’explication de cette lutte, à la fois glorieuse et déplorable, dont nous avons fait connaître quelques uns des principaux traits, dont nous avons mentionné quelques unes des plus généreuses victimes. On ne comprend guère la position des églises du désert et les sévérités qui s’y passaient, au milieu d’une époque aussi éclairée que celle du milieu du xviiie siècle, en présence des lumières philosophiques qui affluaient et de la cour et de Paris. Il est vrai que,