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histoire.

Le tableau de ces derniers événements jusqu’à l’édit de l’état civil, si lentement élaboré par le conseil des rois, remplira la seconde partie de cet ouvrage. Seulement, en jetant les yeux sur l’espace que nous venons de parcourir et sur les choses que nous venons de raconter, ne pourrait-on pas logiquement en induire quelques préjugés légitimes, selon le mot de Nicole, en faveur d’une foi qui sut inspirer tant de puissance, tant de résignation, tant d’articles de sage organisation et tant de piété, au milieu de ses malheurs et de ses continuels orages.

Cette dernière considération touche au fond de la doctrine des églises réformées françaises ; c’est une question de conviction et non une question de fait ; elle sort dès lors du strict domaine de l’histoire et nous ne devons pas nous y arrêter. Nous aurons, d’ailleurs, de nombreuses occasions de relever l’originalité des faits, que nous avons déjà indiqués, et qui résultent de cette histoire. On ne verra pas aujourd’hui sans étonnement le tableau de ces croyances, source de tant de malheurs pour leurs disciples et si chères à leur foi, de ces croyances qui, au milieu du siècle des Voltaire et des Montesquieu, s’estimèrent heureuses de pouvoir célébrer leurs rites en plein jour et de renoncer au mystère de la nuit. On se rappellera qu’après le synode national de 1744 elles furent obligées de retourner aux cavernes et aux ténèbres ; après cela, on découvre, avec un vif mouvement de surprise, que cette religion proscrite et réprimée, comme une secte sauvage et immonde, du temps de Louis XV, était simplement la foi chrétienne réformée, la foi d’une grande et puissante partie du monde chrétien. Le philosophe ne manquera pas de remarquer combien est contraire aux analogies, et à beaucoup de