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des pasteurs Defferre, Pradel, Gal, Paul Rabaut, Simon Gibert, Molines, par laquelle ils protestaient, au nom des églises, qu’elles étaient prêtes à payer le nouvel impôt sans murmure. Cette pièce rappelait aussi la conduite loyale des réformés, lorsque les Autrichiens étaient sur la ligne du Var, et demandait quelque allégement à la persécution. (Lettr. Mss. P. R.) Il paraît que le clergé, qui avait refusé le vingtième, découvrit cette modeste requête des églises, et qu’il tenta d’en neutraliser l’effet. Il parut craindre que la soumission des réformés aux désirs de la cour n’ouvrît les voies à une tolérance prochaine. Aussi la même lettre que l’archevêque de Toulouse fit parvenir au gouvernement, au nom des vingt évêques du Languedoc, dans laquelle il proteste de sa soumission et de celle de ses collègues, déclarant qu’ils n’ont rien fait qui ne soit du privilège essentiel des états de la province, contient aussi le passage suivant qui mérite d’être rapporté : « La sainteté de leur caractère, et leur position au milieu de tant de brebis égarées du sein de l’Église, dit le prélat, rend la justification plus nécessaire. En effet, comment pourront-ils souffrir sans se plaindre un reproche si propre à les rendre plus odieux à ces frères séparés, dont on a tout lieu de craindre que l’apparence de soumission, qu’on fait tant valoir en cette circonstance, ne cache le pernicieux objet qu’ils n’ont jamais perdu de vue de faire au moins tolérer ou dissimuler le service de leur religion. » (29 mars 1750.) Singulière requête de ces prélats, qui, tandis qu’ils refusaient les subsides publics, s’effrayaient que les protestants les accordassent, et qui se montraient, dans cette circonstance, aussi prodigues en conseils d’intolérance qu’ils étaient économes en votes d’argent !