Page:Coquerel - Histoire des églises du désert, Tome 1.djvu/487

Cette page a été validée par deux contributeurs.
473
des églises du désert.

qui serait faite au curé, s’il persistait, ce serait un abus, et il serait condamné par le juge ; en Languedoc, le parlement de Toulouse ne refuserait pas son ministère sur un objet aussi évident et aussi important. C’est ainsi que Joly de Fleury déniait absolument au clergé catholique, alors même qu’il remplissait le devoir de l’officier civil, le droit de s’immiscer dans les questions d’état, lorsque son dogme paraissait l’y déterminer. C’était lui conseiller de fermer constamment les yeux sur le fait patent de l’existence des réformés, conseil d’une théorie facile, mais d’une pratique impossible.

Le Mémoire traite, d’une manière non moins lumineuse, la question du mariage des protestants ; il tend également à modérer, sous ce rapport, les prétentions du clergé, spécialement en Languedoc. Dans les diocèses où les réformés continuaient, sous le nom menteur de nouveaux convertis, de former une fraction considérable et quelquefois la grande majorité de la population, les réformés désobéissaient aux synodes et se mariaient ostensiblement devant les curés, sans cesser d’être protestants, ni de reconnaître leurs ministres, ni de suivre le culte du désert. Comme pour le baptême, c’était une cérémonie et rien de plus. Le clergé voyait le mal et ne pouvait le guérir ni l’arrêter. Dans cette position, les évêques du Languedoc imaginèrent de leur chef d’entourer la cérémonie du mariage de nouvelles formalités, non facultatives et tendant à une bonne célébration, mais inhibitoires et dirimantes. De sorte que les protestants, quoiqu’ils fussent censés pleinement catholiques, se trouvaient dans une situation pire que celle des anciens catholiques. Cette prétention consistait à exiger des parties, comme clause indispensable et