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des églises du désert.

sérieux qu’il fit à ce sujet faillit rallumer la guerre des Camisards au milieu du siècle.

Un jurisconsulte qui a laissé un nom distingué dans la magistrature française, Joly de Fleury (Guillaume-François), avait été promu à l’office de procureur général près le parlement de Paris, en 1717, et en remplacement de d’Aguesseau, lorsque ce dernier fut nommé chancelier de France. Une grande clarté de vues administratives et judiciaires, l’absence de presque tout préjugé dévot, le talent de faire prévaloir les opinions générales de l’homme d’État sur les prétentions des partis qui voulaient toujours pousser les questions à l’extrême, telles étaient les qualités qui distinguaient ses consultations. Sa tendance vers le gallicanisme contribuait à lui faire apprécier plus sainement l’état des protestants français. Joly de Fleury, et les plus distingués de ses confrères dans la magistrature du temps, parmi lesquels il faut citer le procureur général au parlement d’Aix, Ripert de Monclar, dont il sera question plus bas, ne pouvaient se dissimuler l’épouvantable désordre que les édits de religion introduisaient dans l’état des familles, à cause de la multitude de mariages, soit hypocrites, célébrés devant l’Église, soit nuls et concubinaires aux yeux de la loi, célébrés au désert. Ils voyaient bien que les réformés, dont on niait l’existence, existaient cependant en grand nombre, et que les édits mettaient les conjoints protestants dans l’alternative ou d’afficher une hypocrisie dont les prêtres même n’étaient plus la dupe, ou de léguer la bâtardise à leurs enfants. Cet état de choses empira au point que les évêques et curés du Languedoc reconnurent que les nouveaux convertis n’étaient rien moins que convertis à la foi catholique ; que les sacrements de mariage et de baptême qu’ils venaient