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des églises du désert.

Languedoc fit écrire par le pasteur Grenier de Barmont aux hautes Cévennes une lettre pressante pour engager la province à lui laisser un pasteur qu’elle chérissait. Cette lettre et la réponse des hautes Cévennes montrent d’une manière frappante le zèle toujours croissant des troupeaux, et leur attachement pour des ministres sur lesquels le martyre sans cesse planait. Les hautes Cévennes avaient cédé les deux pasteurs, Viala et Corteis, et les plus heureux fruits avaient signalé leurs travaux dans le haut Languedoc, menacé de perdre en outre les pasteurs Dunières et Olivier ; il ne devait rester que les pasteurs Sicard et de Barmont. Il paraît, en outre, qu’il n’y avait alors que six pasteurs pour tout le haut Languedoc, qui comprenait de plus le pays de Foix, l’Agenais et le Montalbanais. Les églises du haut Languedoc se disaient hautement « l’ouvrage » des hautes Cévennes, et les suppliaient de leur continuer leurs ministres ; ce qui leur fut accordé. Nous trouvons à la même époque un autre monument de la ferveur et de la foi de ces troupeaux, dans la lettre touchante des anciens des églises réformées sous la croix de Clairac, Longueville, Lafite, Diment, et Fernan, au pasteur de Barmont, en date du 20 juin 1752 (Mss. Cast. p. 108). Ces églises le redemandaient avec instances et même avec larmes. Elles proclamaient que c’était chose merveilleuse que l’amendement qu’il avait opéré dans leurs contrées pendant le peu de temps qu’il y était resté, d’autant plus que rien n’égalait le désordre et l’aveuglement dans lequel elles avaient vécu depuis l’abolition de l’édit de Nantes ; que les plus sages d’entre eux n’étaient jusque-là occupés que de leurs champs, de leurs vignes, ou de leur commerce, lisant à peine, ou du moins à la hâte ; quelque chapitre de