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des églises du désert.

personne et le bien de l’État ; que loin de là, on ne paraît avoir songé qu’à les pousser à bout ; que cependant la nature humaine ne saurait toujours souffrir, qu’elle se révolte enfin, et qu’un ennemi pourrait avoir ses raisons pour fomenter l’agitation dans un temps après ne l’avoir point fait dans un autre ; que si la tolérance éprouvée par les catholiques, en Hollande et en Angleterre, avait été souvent suspendue ou resserrée, ils en avaient été eux-mêmes la cause par des entreprises séditieuses contre les souverains ; que si S. M. le roi de France voulait bien adoucir le sort de ses sujets réformés, cela contribuerait puissamment à cimenter la bonne intelligence rétablie entre elles et les puissances protestantes ; qu’enfin les charitables intercesseurs pourraient représenter que l’humanité seule les anime en cette occasion, et que, s’ils agissaient dans des vues d’intérêt et de politique humaine, ils garderaient le silence, puisqu’il est évident que les autres États de l’Europe ont retiré, par les émigrations, de très-grands avantages des mesures violentes contre les protestants, tandis que la France fait par là, et chaque jour, des pertes qu’il ne lui est pas facile de réparer (Mémoire en faveur des protestants de France, destiné pour les ministres des puissances protestantes députés au congrès d’Aix-la-Chapelle. 5 p. in-4o. Mss. P. R.).

Telles furent les raisons sans réplique que les églises soumettaient aux plénipotentiaires d’Aix-la-Chapelle par ce document. Aussi habile en logique que forte de considérations sociales présentées avec finesse, cette pièce, d’une rédaction si remarquable, ne paraît pas avoir fait l’objet de délibérations parmi les diplomates réunis, si tant est qu’elle fut jamais communiquée officiellement à la partie catholique et