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des églises du désert.

seconde on renfermait les prisonnières : c’est là que se tenaient les vingt-cinq infortunées captives dont nous donnons la liste. La salle est fort élevée ; elle n’est éclairée que par l’étroite fente de quelques meurtrières placées au-dessus du sol, et par une ouverture circulaire au milieu de la voûte, qui forme couronne aux arceaux gothiques. Un banc circulaire de pierre règne au milieu de la tour ; au-dessus de la plate-forme, sans doute interdite aux prisonnières, s’élevait un phare en tour d’observation. Ainsi les pauvres prisonnières calvinistes de la tour de Constance, passaient leur déplorable existence dans une grande salle privée d’air et de jour ; jamais elles n’entendaient autre chose que le bruit lointain des flots, et le sifflement des vents sur les lagunes du rivage. Cependant nos lettres nombreuses de Marie Durand, l’une des prisonnières, attestent que sa foi et sa piété la soutinrent toujours dans la solitude d’une si triste captivité.

Nous terminons ici notre description du genre et du nombre des condamnations prononcées par les édits contre les fidèles du désert. Ces tristes tableaux font partie essentielle de l’histoire ; il était de notre devoir de ne les point supprimer : nous n’y ajouterons qu’une seule réflexion. Même sous Louis XIV, et à plus forte raison sous Louis XV, si la véritable nation française catholique eût pu élever la voix, il est hors de doute qu’elle eût brisé sur-le-champ tous ces indignes fers.