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chie qui n’existait plus depuis longtemps. Il fallait ranger tous ces fidèles exaltés dans les limites salutaires d’une discipline dont il n’y avait plus que des lambeaux. Il fallait, en un mot, guérir les désordres qu’une guerre furieuse avait laissés après elle dans presque tous les esprits. Il fallait en outre s’entendre avec les autres pasteurs, dont le zèle avait survécu à tant d’agitations, et qui avaient eu le courage de rester dans ces contrées encore teintes du sang de leurs frères.

Ce fut l’œuvre d’Antoine Court et le but de sa vie, avant l’âge de vingt ans. Ce fut le plan admirable d’où est sortie lentement, au travers de mille persécutions, la réorganisation des églises réformées du midi de la France. Ce fut dans ce but que le jeune Court eut l’idée touchante d’appeler les conseils et en quelque sorte les bénédictions de l’illustre Jacques Basnage, qui put ainsi saluer de ses derniers vœux la renaissance d’une Église dont il fut peut-être le plus spirituel défenseur. Au 21 du mois d’août 1715, déjà Louis XVI se mourait au milieu des magnificences de Versailles. Tandis que ce puissant monarque, qui avait fait frapper les médailles de l’hérésie éteinte, était prêt d’aller rendre compte au tribunal suprême ; alors sur les montagnes du Vivarais, tant ravagées par la guerre et par le supplice, l’hérésie renaissait de ses cendres par les soins d’un enfant sans nom et de quelques prédicateurs obscurs et illettrés. Jamais, dans les affaires du monde, le doigt de la Providence ne fut plus manifeste.

Il paraît qu’immédiatement après cette première réunion préparatoire de 1715, deux autres assemblées successives eurent lieu pour arrêter le sommaire d’une organisation nouvelle, appropriée à la gra-