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des églises du désert.
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l’ancienne jurisprudence et très-rare dans les édits de la persécution. On voit seulement, par une note insérée en passant par Antoine Court, qu’il y avait en 1745 cinq ou six protestants détenus dans le château de Brescou, sur la Méditerranée, pour cause de religion.

Quant aux femmes prisonnières pour le même crime, il est plus difficile d’en découvrir le chiffre avec précision. On les répartissait souvent dans les hôpitaux des villes et dans les couvents. Ce genre de réclusion n’a point laissé de traces bien certaines. On verra plus bas une liste bien naïve et bien touchante des prisonnières protestantes à la tour de Constance, du château d’Aigues-Mortes, liste écrite et transmise à Paul Rabaut, en 1754, par l’une des prisonnières, Marie Durand, de Praules, diocèse de Viviers, « prise dans sa maison par rapport au ministère de son frère. » (Pièc. just., no vii.) En effet, le ministre Pierre Durand fut exécuté à Montpellier, en avril 1732. Ce fut cette Marie Durand, sa sœur, détenue depuis 1730, dont les fers ne tombèrent qu’en 1768, devant la visite que firent le prince de Beauvau et le chevalier de Boufflers à la sombre tour de Constance. Cette liste nous montre d’ailleurs un autre genre de punition, qui venait s’ajouter aux rigueurs des intendants et des parlements. C’étaient les lettres de cachet, arrivant purement et simplement de Versailles, dûment revêtues de leur apostille habituelle, Phélypeaux, comte de Saint-Florentin. Plusieurs des captives de Constance sont notées par Marie Durand, ainsi du reste qu’elle-même, « prises par ordre du roi. »

Il faut avoir le courage de suivre ces tristes détails, qui sont malheureusement de l’histoire ; il faut s’enquérir