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des églises du désert.

naient aux fidèles un air de conspirateurs, ce qui était absolument contraire aux intentions des pasteurs comme au vœu des églises. La simple vérité est que les intendants et les réformés étaient sans cesse placés dans un cercle vicieux. Les uns étaient chargés d’exécuter des édits impossibles à suivre par leur sévérité et même par leurs barbaries ; les autres ne pouvaient écouter la voix de leur conscience sans paraître se mettre en rébellion contre la volonté du prince. C’était une position qui ne pouvait être tempérée que par beaucoup d’adoucissements administratifs d’une part, et par beaucoup de prudence de l’autre.

La question des assemblées armées était beaucoup plus grave ; elle était aussi d’une solution beaucoup plus facile. Il n’y avait nulle complication. Nous possédons des preuves nombreuses que les synodes et que les pasteurs, individuellement, interdisaient absolument cette pratique. Malgré le malheur et l’oppression du temps, l’habitude des armes ne pouvait, sous aucun rapport, se justifier. Elle n’avait même aucune espèce de sens, parce que d’abord une église en armes répugne évidemment à l’esprit évangélique, et ensuite on n’avait pas le projet de faire résistance si par malheur l’on était surpris. Les pasteurs du désert, dès le commencement de la renaissance du culte, sentirent que tolérer des assemblées armées, c’était s’exposer sans cesse à des rencontres sanglantes, inutiles, ou de nature à entraîner sur-le-champ une guerre civile déclarée et sérieuse. Aussi toute réunion armée fut-elle rigoureusement interdite. On eut une certaine peine à supprimer ce point dangereux. Alors, comme chacun sait, les gentilshommes, même souvent le tiers-état, portaient l’épée. C’était un costume