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histoire.

d’ailleurs, sous le rapport de la recette financière, une des provinces les plus riches du royaume[1]. Il est difficile d’apprécier aujourd’hui tout le mauvais effet que durent exercer et sur l’industrie et sur l’agriculture les extorsions continuelles pour fait d’assemblée religieuse.

Après avoir donné l’esquisse de la persécution violente qui éclata sur les églises, de l’an 1740 à l’année 1750, et après avoir rapporté un choix des arrêts principaux rendus contre elles, il est temps de rechercher quel fut l’esprit de cette jurisprudence. En effet, nous avons fait connaître les arrêts, moins pour enregistrer le nom des victimes, ce qui serait impossible, que pour faire apprécier le caractère spécial des poursuites. Nous allons maintenant essayer de remonter jusqu’aux motifs qui paraissent avoir dicté ces jugements ; lesquels nous paraissent inconcevables aujourd’hui. Il est évident que c’était contre le fait des assemblées que les intendants procédaient avec le plus de méthode. Ils ne voulurent voir que des rassemblements séditieux, contraires à la paix publique. Ils sévirent surtout contre les ministres, qu’ils regar-

  1. En dépit de ces persécutions continuelles, qui devaient évidemment nuire au développement de l’industrie et effrayer les capitaux, on trouve qu’en 1759, de tous les pays d’états celui de Languedoc fournissait plus en impositions provinciales, sans compter sa part dans les trois ordres généraux d’impôts sous l’ancien régime, les fermes générales (impôt indirect), les recettes générales et les vingtièmes (impôt foncier). La Bretagne produisait alors 3,700,000 liv. ; la Bourgogne, 1,700,000 liv. ; la Provence, 1,600,000 liv. ; le Languedoc, 5,100,000 liv. Cette province avait à peu près la même superficie que la Bretagne. On remarque aussi, dans son budget provincial, que les frais de garnisons ordinaires dépassaient sensiblement ceux des autres pays d’états, et qu’ils s’élevaient à 193,000 liv., et les frais de milices à 377,000 liv. On voit qu’il en coûtait fort cher pour avoir sans cesse des détachements prêts à disperser les assemblées religieuses (Voy. les Comptes-rendus présentés à l’assemblée des notables, par Calonne, 1787.)