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des églises du désert.

que l’intendant d’Auch rendit, en février 1746, contre tant de gentilshommes verriers du pays de Couserans, il ordonna que les livres de la religion prétendue réformée, saisis chez les condamnés, seraient livrés aux flammes. Cet exploit s’accomplit sur la place de Saint-Girons. Rien n’égale, en ce genre, les poursuites du parlement de Grenoble contre la caverne de Plan-du-Bay, sur la terre de Montrond, Dauphiné ; toute cette digne famille fut tourmentée et mulctée de mille sortes ; on soupçonna que les protestants se retiraient dans la caverne comme dans un lieu d’exercice ; les magistrats parurent vouloir décréter les montagnes de la province, en ordonnant par arrêt que la caverne serait détruite.

Il s’en fallut que tous les jugements fussent aussi ridicules. Il y en eut un certain nombre où la mort des victimes put seule satisfaire la sévérité fanatique des magistrats et des intendants. Le 1er août 1746, l’intendant de la Rochelle, Barentin, condamna et fit exécuter à mort Élie Vivien, de Marennes, en Saintonge, « le tout, dit l’arrêt, parce que ledit Vivien est dûment atteint et convaincu d’avoir assisté à plusieurs assemblées de religionnaires, et notamment à celle tenue le 10 du mois de juillet (1746), près le village d’Artouan, paroisse de Saint-Just, en Saintonge ; d’y avoir prêché et tenu des discours séditieux, comme aussi d’avoir composé plusieurs écrits contenant des blasphèmes contre la rel. ap. et rom., et tendant à exciter les peuples à la révolte. » La victime de cet arrêt était un vieillard de soixante et dix-huit ans ; il serait très-intéressant de découvrir quels furent les discours et les compositions pieuses de ce respectable protestant. De plus, le même intendant Barentin condamna conjointement un autre protestant