Page:Coquerel - Histoire des églises du désert, Tome 1.djvu/426

Cette page a été validée par deux contributeurs.
412
histoire.

semblement qui avait réclamé le ministre Desubas à Vernoux ; jugement barbare et inutile, rendu plus de deux ans après l’événement. Lenain put être cependant regretté, quand on vit son successeur. Ce fut Guignard, vicomte de Saint-Priest ; nous raconterons comment les mesures de celui-ci faillirent décider la guerre civile. Nous verrons que l’arrivée du duc de Richelieu seule préserva la province d’un embrasement, qui aurait pu avoir les suites les plus graves. Nous aurons à signaler que ce furent les enlèvements d’enfants dans plusieurs villages des Cévennes, qui décidèrent les premières résistances, qui enfin portèrent la population exaspérée à prendre les armes, en commençant, comme l’ancienne guerre des Camisards avait commencé, par l’assassinat des prêtres catholiques. Peu s’en fallut que les excès de cette horrible lutte ne se rallumassent au milieu du dix-huitième siècle, en 1752. Jusque-là nous devons poursuivre le récit des persécutions, qui distinguèrent cette époque, en abrégeant le plus qu’il sera possible, mais sans taire les faits saillants pour l’histoire. Nous avons déjà fait sentir combien la position que les édits avaient faite aux protestants présentait de grands embarras aux curés et aux intendants, sous le rapport des mariages. La loi ne reconnaissait partout que des Français catholiques ; c’était là une fiction effrontée ; sur ce point les curés catholiques des paroisses des Cévennes surtout savaient bien à quoi se tenir. L’édit de 1724, et tant d’autres, avaient eu beau imposer à toutes les ouailles, sans distinction, la qualité légale de bons catholiques, ces ecclésiastiques savaient et ne pouvaient point ne pas savoir qu’ils étaient entourés de protestants. Ils savaient, à n’en pas douter, que toute une partie de leur trou-