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chés à la chaîne pour y être conduits. » Ainsi par ce jugement, que l’intendant prononça tout seul, quatre hommes et trois femmes furent enchaînés aux galères perpétuelles pour avoir simplement assisté à une assemblée et s’y être mariés. Aux yeux de la loi et devant le tribunal d’un juge digne d’elle, tous ces pauvres gens furent ainsi punis, parce qu’ils étaient coupables de mariage. Après ce jugement équitable, monseigneur L’Escalopier n’oublia pas la partie des finances : « Avons condamné et condamnons les habitants nouveaux convertis de la ville et faubourgs de Montauban, et de Villemade, en l’amende de 3,000 livres au profit de Sa Majesté, et en outre aux frais faits à l’occasion de ladite assemblée, liquidés à la somme de 1 847 livres sept sols[1]. » Ajoutons cependant que ce jugement du commissaire départi pour l’exécution des ordres de Sa Majesté, dans la généralité de Montauban, fut trouvé un peu trop dur, même par les persécuteurs. Plusieurs grâces vinrent adoucir l’arrêt de ce praticien cupide et cruel (Rég. aff. plac.). Aussi, après ce jugement, nous voyons par nos pièces que le pasteur Dunières, dont on envoyait ainsi les ouailles dans les bagnes, crut qu’il était prudent de suspendre même les assemblées nocturnes (Lett. du 10 février, Mss. P. R.). Ainsi, dans ces malheureuses conjonctures, ni les assemblées privées, ni les ténèbres de la nuit, ne pouvaient dérober les églises du désert à la vigilance de la cour et à la froide cruauté des intendants.

  1. On remarquera, sur ce chiffre de 1 847 liv., que l’intendant jugeait tout seul, et que tout seul aussi il tarifa et liquida ces frais ; il faut sans doute attribuer la part qu’il s’adjugea à un excès de zèle pour donner une direction orthodoxe aux finances des hérétiques.