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avec interdiction formelle à tous imprimeurs, ou toutes personnes que ce fût, de publier ou garder tels écrits, sous peine de punition exemplaire. On ne conçoit que trop comment leurs ministres, sondant toute la gravité du mal, et le péril dont il menaçait l’État, aient cru devoir avertir très-formellement la cour qu’entre une telle oppression et un état de révolte ouverte il n’y avait pas bien loin. D’ailleurs, au moment même où le placet était expédié, la ville de Montauban fut le théâtre de nouvelles persécutions. Dans le Languedoc, la ville de Marsillargue fat condamnée à l’amende, pour assemblées, grâce aux délations dévotes du marquis de Calvisson (Lett. du min. Claris, 3 juill. 1747. Mss. P. R.).

Il convient d’entrer dans quelques détails sur les jugements qui furent prononcés contre les fidèles de Montauban, parce qu’ils sont honorables pour cette communauté, et parce qu’ils marquent tout à fait le caractère de la législation du temps. Cette fois-là, les peines les plus fortes furent décernées contre plusieurs protestants de la généralité pour le simple fait de s’être mariés devant un ministre. Il faut remarquer ces modifications ou plutôt ces perfectionnements dans les édits et dans la jurisprudence qui accablait les églises. Déjà il avait été ordonné que tous sujets de Sa Majesté, qui auraient assisté aux assemblées, et qui y seraient pris en flagrant délit, seraient condamnés aux galères ; c’était le texte et l’esprit de la déclaration de 1724. Mais l’assemblée religieuse, une fois finie et dissoute, il devenait bien difficile de saisir les délinquants. Alors intervinrent les ordonnances de Louis XV, de 1745, qui réglaient : « qu’à l’égard de ceux que l’on saura avoir assisté auxdites assemblées, mais qui n’auront pas été arrêtés sur-