Page:Coquerel - Histoire des églises du désert, Tome 1.djvu/411

Cette page a été validée par deux contributeurs.
397
des églises du désert.

l’administrateur suprême de la province, pour confesser hautement une fonction, dont l’exercice le condamnait à mort, servit d’introduction à la présentation du grand Mémoire de plaintes, qui fut remis au même magistrat pour être transmis à la cour, au commencement de 1747. On y voit très-clairement la situation des esprits, et la ferme conviction où étaient les pasteurs les plus prudents du midi de la France, qu’il leur serait impossible de répondre de la tranquillité publique, si les persécutions continuaient. Ce mémoire rappelle que les ministres du désert ont écrit aux intendants, pour leur faire part de leurs efforts pour calmer les esprits, mais que les souffrances des protestants sont portées au point qu’il était fort à craindre que les exhortations des ministres ne fussent impuissantes ; que l’on croirait presque que les ennemis de la tolérance se font un devoir et un plaisir de pousser les choses à bout ; qu’il en résulte qu’en une foule d’endroits les religionnaires sont tombés dans une espèce de désespoir, qui ne connaît plus de limite. Après avoir énuméré les faits, le Mémoire de plaintes continue ainsi : « Ce sont ces exemples de rigueur et d’une sévérité si soutenue, si générale, et tant d’autres que l’on passe sous silence, qui font craindre aux ministres que, quelque soin qu’ils se donnent pour inculquer à leurs troupeaux les maximes d’une religion qui ne prescrit rien tant, après les devoirs qui ont Dieu pour objet, que l’obéissance et la fidélité au souverain, que leurs soins et leurs exhortations n’aient pas l’effet désiré. La triste situation de tant de malheureux qu’on a retenus longtemps dans des prisons obscures, qu’on a désolés par des engagements et des promesses qui les accablent de honte et de remords, qu’on a ruinés par des amendes exces-