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lieux mêmes, terminent par ce tableau fervent et rempli d’une naïveté touchante : « Enfin, monté courageusement au haut de l’échelle, il fit paraître, jusqu’au dernier moment, tant de constance et de piété, que tout le monde, sans distinction de protestants ou de catholiques, fondait en larmes ; les premiers bénissant Dieu de l’édification que leur donnait le martyr, et les seconds les félicitant de l’honneur que leur faisait le martyr. » (Mém. hist. de 1744.)

Ainsi périt, le 2 février 1746, le ministre Matthieu Majal, dit Desubas. Il était âgé de vingt-six ans. Malgré l’édification que produisit sa mort courageuse, elle fit jeter un long cri de douleur et de regret aux églises du désert. Ce pieux et courageux jeune homme était chéri par une foule de communautés du Vivarais. Ses services avaient déjà été réels ; surtout sa piété, sa foi religieuse, étaient profondes. Nous n’avons point trouvé, dans les ballades populaires et analogues, un tableau de sentiments religieux plus fervents. Ils sont exprimés d’une manière si vive et si touchante à la fois, que nous croyons devoir copier les stances suivantes, chef-d’œuvre de style religieux populaire. On peut juger quel effet durent produire de telles stances, lorsque les montagnards du Gévaudan ou du Vivarais les redisaient dans les lieux de leurs prêches inaccessibles. (Mss. V.)


le ministre, au lieu de l’exécution.

« Mon sort n’est pas à plaindre,
Il est à désirer :

    ministres marchaient au supplice en présence d’un peuple où il y avait une foule de leurs fidèles. On a beaucoup parlé de l’odieux roulement de tambours qui étouffa les dernières paroles de l’infortuné Louis XVI ; bizarre destinée de ce monarque humain, qui rendit les droits civils aux protestants, et qui lui-même subit à sa dernière heure l’outrage que tant de pasteurs du désert avaient enduré.