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des églises du désert.

grands malheurs devaient signaler leur passage. Le matin de ce même jour, plusieurs assemblées religieuses avaient été convoquées aux environs de Vernoux ; elles se trouvaient presque sur le passage du captif ; tous les éléments d’une émeute qui pouvait devenir sanglante se trouvaient donc rassemblés. Il paraît que les fidèles d’une de ses assemblées, en masse, hommes, femmes et enfants, partirent d’un mouvement unanime et vinrent se présenter aux portes de Vernoux pour réclamer la liberté de leur ministre. Cette foule avait tous les caractères d’un rassemblement tumultueux en révolte contre les lois. En vain le sieur Afforty, catholique, juge du lieu, vint-il au-devant de l’attroupement, pour signifier à ceux qui le composaient, qu’on ne leur accorderait point ce qu’ils demandaient ; que la résolution était bien prise, et qu’ils eussent à se retirer.

Le rassemblement s’avança vers le bourg en poussant des cris de douleur et de colère. Il en résulta que les bourgeois firent feu de leurs fenêtres sur cette troupe tumultueuse, qui était entrée dans le bourg malgré les avertissements des magistrats. Les protestants n’étaient pas armés, aussi le feu très-vif parti des maisons tua environ trente personnes et en blessa1745.
12 décemb.
un bien plus grand nombre[1]. Tel fut le cruel événement qu’on a nommé le massacre de Vernoux, où sans doute les habitants de ce bourg se montrèrent sévères,

  1. Mém. hist. de 1744. On y trouvera la liste de ceux qui périrent dans cette déplorable affaire. Après l’avoir discutée, l’auteur (le pasteur Antoine Court) ajoute ces mots : « Tout ce que l’on peut dire de plus vrai sur le compte des protestants du Vivarais, c’est que trop de confiance dans la justice de leur cause, dans l’humanité et dans les compassions de leurs concitoyens dans l’effet de leurs prières et de leurs larmes, et trop de zèle pour leur pasteur, les fit agir, dans cette occasion, fort inconsidérément et sans réflexion, » p. 319.