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s’il ne s’y passait rien contre l’intérêt de l’État ; le 17 juillet dernier, ayant été informé qu’il y avait une assemblée de nouveaux convertis à un endroit qu’on appelle le Ranelranqua, qui n’est pas fort éloigné de celle de Saint-Jean-du-Pin, le suppliant s’y transporta pour savoir s’il ne se passait rien contre l’intérêt de l’État, afin d’en donner compte au sieur Lebrun ; il ne s’y passa autre chose, sinon qu’on y chantait des psaumes, et qu’on y prêcha ; après quoi, ceux qui assistaient à l’assemblée se retirèrent aussi bien que le suppliant, qui, deux jours après, rapporta à M. Lebrun qu’il n’y avait rien de nouveau qui allât contre l’intérêt de l’État, sans pourtant lui parler de ladite assemblée : et quoique le suppliant n’ait fait que remplir les fonctions de la charge qui lui avait été donnée depuis longtemps en qualité de consul, c’est-à-dire, veiller à tout ce qui pouvait se passer contre l’intérêt de l’État, et qu’il ne soit coupable de rien, néanmoins, lundi dernier, étant au marché d’Alais, il fut arrêté en vertu d’un ordre de Votre Grandeur, conduit au fort d’Alais, et interrogé par votre subdélégué, M. de La Bruyère. »

La mésaventure de M. le consul Fabre, qui d’ailleurs ne paraît pas avoir eu des suites bien graves, nous est assez nettement expliquée par sa pétition, qui a bien un côté un peu plaisant ; caractère excessivement rare chez les pièces historiques de cette époque. Les consuls étaient exposés à mille épreuves de catholicité ; ils étaient choisis avec soin parmi les anciens catholiques les plus purs, ou parmi les nouveaux convertis les plus solides. Il est clair que le consul de Saint-Jean-du-Pin n’appartenait à aucune de ces classes. Il est clair que, sous couverture du zèle de faire sa charge et de veiller à ce que rien ne se passât de con-