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des églises du désert.

de maréchaussée, qui augmentèrent ensuite jusqu’à vingt, ayant à leur tête le prévôt général de Guyenne ; ce dernier cita un nombre considérable d’habitants, et en envoya dix devant M. de Tourny. L’intendant les interrogea encore, et, après quelques jours, les renvoya libres, en exigeant seulement la promesse qu’ils n’iraient plus aux assemblées. De tels engagements ne pouvaient être tenus ; ils étaient trop opposés et aux habitudes des protestants et aux ordres des synodes ; ils ne trompaient personne, ni les magistrats qui les recevaient, ni les fidèles qui les prêtaient pour éviter les procès.

Nous avons à citer encore, vers la même époque, un exemple singulier des stratagèmes dont les protestants se servaient pour pouvoir assister aux assemblées religieuses sans être molestés. Nous le tirons de la province de Languedoc. Dans la petite ville de Saint-Jean-du-Pin, diocèse d’Alais, il y avait, comme partout, beaucoup de prétendus nouveaux convertis, qui persistaient obstinément à se rendre aux exercices du culte du désert. De ce nombre était le consul de Saint-Jean-du-Pin, au lieu d’Audabias, Denis Fabre. En sa qualité de consul, nous le voyons dans nos pièces (Mss. Fab. Lic.) écrivant au chevalier Lenain, intendant, pour représenter que lui, le consul Fabre, est seul en état de diriger la commune « et de veiller à tout ce qui s’y passe, concernant les affaires du roi pour en rendre compte, comme il l’a toujours fait, à ses supérieurs, » qui furent successivement les lieutenant d’Yverny et Lebrun, commandant le fort d’Alais ; « en conséquence, le suppliant, continuant ses soins, a toujours été attentif à son emploi, et lorsqu’il savait qu’il y avait quelque assemblée aux environs de sa paroisse, il s’y transportait pour veiller