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des églises du désert.

vingt-quatre heures suspendu au gibet et fut ensuite traîné à la rivière, qui lui servit de tombeau. « Telle fut la fin de ce digne pasteur, ajoutent les Mémoires de 1744, qui contiennent le récit le plus détaillé, ce pasteur que son troupeau pleure encore et ne cessera longtemps de pleurer. »

Le pasteur Jacques Roger était né à Boissières dans le Languedoc. Il s’était consacré, dès sa plus tendre jeunesse, à l’édification des églises du désert. Nous avons vu qu’il se joignit à Antoine Court, dès le commencement de la renaissance du culte, et avant même le pasteur Court, puisque les travaux de Roger s’ouvrirent dès l’année 1708. Il prêcha jusqu’en 1711, année où il sortit du royaume pour aller recevoir l’imposition des mains dans le Wurtemberg. Il était de retour en 1715, et à partir de ce moment jusqu’à sa mort, c’est-à-dire pendant quarante années, il n’avait cessé de conduire les églises du désert, dans le Dauphiné, convoquant les assemblées, administrant les sacrements, et assistant à tous les synodes.

Nous voyons le nom de ce vénérable ministre figurer au bas d’une foule de pièces de notre collection. Il avait soixante et dix ans, lorsqu’il scella une vie aussi utile par une mort reçue avec le calme d’une foi si vive et si longtemps éprouvée. Il mourut du même supplice, deux mois et demi après son jeune collègue, Louis Rang. Le jeune proposant au début de sa carrière, le vieux pasteur qui avait blanchi à l’œuvre, périrent à un intervalle rapproché. Telle fut la fin du vénérable pasteur Jacques Roger. Un supplice infâme, mais qui n’eut rien d’infamant pour ce digne ministre de Jésus-Christ, fut dans ce monde la récompense de son apostolique carrière. Il en fut aussi la couronne ; nous verrons dans les