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des églises du désert.

facile de distinguer dans ces paroles la trace des inquiétudes que la publicité des grandes assemblées de 1744 avait jetées dans les esprits des ennemis du culte au désert.

Il paraît d’ailleurs que cette chimère produisit une véritable agitation dans toute la province du Dauphiné. Les curés écrivirent de toutes parts au parlement, qui ajourna sur-le-champ un grand nombre des protestants des lieux. On lit avec curiosité les questions que firent les juges à ces fidèles si fermes dans la confession de leur foi. « Vos ministres ne vous ont-ils pas fait lecture d’un prétendu édit, qui vous donne permission de prêcher publiquement ? Ne vous sollicitent-ils pas à user de violence ; à enlever les enfants des couvents, à égorger les religieuses ? Ne vous ordonnent-ils pas de prier pour la reine de Hongrie, et pour la prospérité des armes du roi d’Angleterre ? Quelles sont les maisons qui servent d’asile à vos ministres lorsqu’ils ont prêché ? Un tel notaire n’exige-t-il pas le contrôle des mariages que vous faites bénir au désert ? Ne continuez-vous pas dans vos assemblées d’y baptiser et d’y marier[1] ? « On pense bien que les magistrats n’apprirent rien de la bouche des interrogés, qui put appuyer des bruits aussi calomnieux. Aucun d’eux ne déguisa la vérité, quant à leur culte ; mais aucun d’eux aussi ne put attester qu’il eût jamais entendu approuver des pièces supposées ou fausses par les ministres.

Il faut considérer toute cette affaire comme ayant été habilement inventée par les adversaires des églises,

    paraît avoir égaré la perspicacité administrative du comte de Saint-Florentin, à moins qu’il n’en fût plutôt le complice que la dupe ; ce dont nos pièces ne fournissent cependant aucune démonstration.

  1. Mém. hist. de 1744. Armand de La Chapelle, p. 227.