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dans une convocation religieuse du 7 juin, un ministre avait lu tout haut à son auditoire une pièce en forme d’édit de tolérance, qu’il déclarait être du roi et être signé et scellé par le souverain. De quelque côté que vînt l’avis, il fut trouvé bon. Un bruit aussi absurde et aussi faux alla trouver Louis XV à la tête de ses armées. Le roi, qui était alors devant les lignes d’Ypres, fit expédier de son camp, par le ministre de la guerre, le comte d’Argenson, à M. de Piolens, premier président du parlement de Grenoble, une dépêche du 22 juin 1744. Cette lettre contenait en substance que le roi avait été informé « que le nommé Roger, prédicant, » ayant assemblé plusieurs religionnaires du lieu de Pojols, dans le Diois, y avait fait lecture d’un prétendu édit ou indult du 7 mai, et scellé d’un sceau qu’il assurait être celui de Sa Majesté, « par lequel il paraissait qu’elle donnait à ses sujets la liberté de conscience et celle de s’assembler. » Le roi déclarait qu’il n’avait jamais eu intention de déroger aux lois établies sur cette matière par le feu roi son bisaïeul, et que son ordre était que l’on désabuse les peuples de l’impression que cette pièce aurait pu faire, « et qu’en démasquant l’imposture du prédicant, vous leur fassiez sentir les risques qu’ils courraient en se livrant à la conduite de tels pasteurs. » — « Sa Majesté désire de plus que vous fassiez contre ledit Roger toutes les poursuites convenables pour parvenir à l’exemple qu’exige la gravité du cas. » On ne peut qu’être assez douloureusement surpris de cette violente instruction envoyée au parlement de Grenoble par le comte d’Argenson, instruction qui coûta la vie au vénérable ministre Roger. Le ministre et administrateur qui donna cet ordre était cependant bien ce comte d’Argenson, qui pro-