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l’origine cependant de ces Assemblées du désert, qui furent continuées avec tant de persévérance pendant tout le reste du xviiie siècle, et qui devinrent l’asile de la foi réformée.

Toutefois, les sévérités des édits, le séjour des troupes, et les rigueurs des gouverneurs des provinces, ne furent point le seul obstacle qui s’opposait à la renaissance régulière du culte et de la discipline protestante. D’autres difficultés intérieures, qui tenaient à l’esprit des protestants eux-mêmes, pouvaient compromettre cette restauration. Le fanatisme avait laissé des profondes traces dans les âmes, et on sait qu’une tendance de ce genre, s’emparant d’une masse populaire, ne peut se calmer tout d’un coup. Aussi, après la pacification de ces provinces, les plus ardents huguenots, camarades des anciens camisards, entraînés par leur fougue autant que par leurs souvenirs, appelaient encore avec une entière bonne foi l’inspiration du Saint-Esprit, et prenaient la parole dans les assemblées, à défaut de ministres dûment établis. C’étaient principalement des femmes qui se distinguaient par cette exaltation. (Mss. veg.) Enfin, tous les excès des prophètes camisards se reproduisaient dans les prêches clandestins, auxquels ce pauvre peuple était forcé de recourir. On conçoit alors quelles immenses difficultés durent rencontrer ceux qui tentèrent les premiers de remettre la religion et le culte sur un

    révocation de l’édit de Nantes, tirée principalement des manuscrits de feu M. Antoine Court, ministre du désert, par M. de Végobre. Genève (mss. veg.), 1715-1760. Cette pièce très-intéressante a été imprimée ainsi que la lettre de Court sur sa périlleuse tournée pastorale de 1728 (Mélanges de Religion, tome v, p. 177 ; Religion et Christianisme, tom. ii, p. 139, par le pasteur Samuel Vincent). Nous possédons aussi ces pièces dans notre collection manuscrite, et nous n’avons pu omettre de profiter de documents aussi essentiels pour notre sujet.