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encore dans cet état d’exaltation fanatique qui suivit la guerre des Camisards et les élans de leurs prophètes. Aussi plus tard Antoine Court ne les comprit pas dans la liste des pasteurs régulièrement ordonnés dans les églises de France, qui avaient souffert le martyre[1]. Il y comprit au contraire, en rendant témoignage à sa ferveur et à sa constance, le ministre Étienne Arnaud, signataire de ce premier synode, exécuté à Alais, le 22 janvier 1718, peu de temps après avoir signé ces règlements synodaux. Nous n’avons pas de renseignements suffisants sur le sort de leur collègue Jean Crotte ; mais en le passant sous silence, nous trouvons que tous les signataires de ces premiers synodes périrent sur le gibet, excepté Antoine Court, de 1718 à 1732. D’après nos ballades, nous voyons que ceux de ces martyrs dont l’église du désert garda le plus précieusement la mémoire furent Arnaud, Roussel et Pierre Durand ; même les écritures de nos manuscrits ont gardé la trace de l’éducation des courageux signataires ; les signatures de Huc et de Vesson sont chancelantes et indécises ; celles de Court et de Durand sont très-nettes et fermes. On voit dans les pièces que nous a laissées Pierre Durand toutes les lumières et l’éducation du pasteur, qui contribua si efficacement à délivrer le Gévaudan et les Cévennes des restes du fanatisme camisard. C’est de sa main qu’est rédigé le certificat du synode du 27 sept. 1730, que nous possédons, contenant attestation en faveur des pasteurs Corteïs et Betrine, revêtu du sceau portant pour exergue, Le triomphe sous la croix ; devise que ce pasteur devait confirmer par son propre martyre à Montpellier, le 22 avril 1732. Le pasteur Pierre Durand fut

  1. Voy. cette liste complétée. Pièc. just., no v.