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histoire.
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y trouvons seulement ce bruit populaire, que la mère de Roussel avait été « mère-nourrice » du duc d’Uzès, qui était par conséquent frère de lait du ministre captif ; cette pauvre femme eut l’idée fort naturelle de solliciter ce seigneur en faveur de son enfant. Ce fut sans succès. Toutefois la ballade attribue au duc d’Uzès des sentiments humains pour l’infortuné captif, ainsi que pour sa mère ; seulement elle rapporte qu’il aurait répondu qu’il fallait que Roussel servît d’exemple aux autres proposants, et qu’il ne pouvait rien pour lui à moins qu’il n’abjurât sa foi[1] ; proposition que la mère du martyr repousse avec une vive indignation. On y raconte encore ses visites au captif dans les cachots de Montpellier, ses conversations avec son fils ; mais rien de tout cela ne vaut l’énergie touchante de la ballade que nous venons de transcrire en entier.

1732.Nous devons enregistrer ici la mort d’une autre victime, également célébrée dans les complaintes, et sur laquelle nous avons un peu plus de renseignements. Il s’agit du pasteur Pierre Durand, qui avait figuré aux premiers synodes du Dauphiné et du Languedoc, immédiatement après la mort de Louis XIV, en 1716 et 1717, synodes dont nous avons donné au long les délibérations. La pièce originale, en outre de la signature d’Antoine Court, porte celles des ministres J. Crotte, Jean Huc, Jean Vesson, Étienne Arnaud, et Pierre Durand. Nous avons vu que les ministres Vesson et Huc furent pendus à Montpellier, en 1723,

  1. Charles-Emmanuel, duc d’Uzès, pair de France, prince de Soyon, né en 1707, gouverneur de Saintonge et d’Augoumois, en survivance de son père, en 1720. On ne voit pas cependant, d’après nos pièces, que les seigneurs de la maison de Crussol aient appuyé, au xviiie siècle, les mesures souvent impitoyables des intendants du Languedoc.