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nément le mariage à ceux qui le recherchent ; de l’autre, offrir avec importunité la confession et l’Eucharistie à ceux qui ne les demandent pas, forme une conduite si contradictoire, qu’on voit bien qu’elle ne s’accorde pas avec l’amour du prochain, ni en général avec l’esprit du christianisme. Mais quel qu’en soit le principe, Votre Majesté sent du moins qu’il produit le plus sinistre effet, puisqu’il rend les suppliants souverainement malheureux : leur souffrance a même été si longue qu’il est temps qu’elle daigne jeter sur eux un regard de compassion. Un seul regard de Votre Majesté suffit pour faire cesser tous leurs maux ; elle n’a qu’à leur accorder la liberté de conscience, cette liberté si essentielle à l’homme, si nécessaire à son bonheur et si conforme à la nature de la religion… Il s’y réunit encore, qu’en accordant la liberté de conscience, une foule de religionnaires qui ont été la recouvrer dans les pays étrangers, reviendraient dans le royaume avec leurs familles, leurs effets et leur industrie, et contribueraient infiniment par leur retour, non seulement à y augmenter le nombre des sujets, mais de plus à y faire fleurir les manufactures et le commerce, ce qui par mêmes moyens diminuerait très-considérablement la force des États voisins. »

Ce fut ainsi que les réformés, en butte à tant de poursuites, tantôt tracassières, tantôt terribles, répondirent aux sévères dispositions des dernières ordonnances rendues contre eux. Ce placet de 1745 ouvre la série des très-nombreuses pièces de ce genre, dont nous aurons à parler, et qui, très-probablement, n’eussent point porté la vérité au cœur du prince quand même elles n’eussent pas été interceptées en chemin. Il faut y remarquer la netteté avec laquelle les religionnaires donnent à entendre