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tionnés. — De plus, les enfants des suppliants ne sont pas plutôt sortis de l’âge le plus tendre, qu’ils sont en butte à tous les traits des ecclésiastiques. On prive les pères et mères, ou après leurs décès, leurs autres parents, du droit naturel qu’ils ont sur leur éducation : on met les filles dans les couvents ; on soustrait de cette sorte les enfants à la juste autorité de laquelle ils doivent dépendre, et à la faveur de la licence qu’on leur donne, ou des promesses qu’on leur fait, on ne manque pas de leur inspirer des sentiments contraires à ceux des personnes qui leur ont donné la naissance. — Ce n’est pas tout, quand les suppliants veulent se marier, on leur fait tant de difficultés (vu l’abjuration ou du moins la nécessité de participer au culte de la religion catholique que les ecclésiastiques leur imposent au préalable), qu’elles forcent les uns à renoncer au mariage, et les autres à le différer, par où il paraît que les ecclésiastiques tâchent, contre l’intérêt de l’État, de faire défaillir la race des religionnaires du royaume par un moyen à peu près semblable à celui que les Égyptiens imaginèrent pour éteindre celle des Israélites. — Ce zèle mal entendu des Égyptiens se continue jusqu’au lit de la mort des religionnaires, jusqu’à ces précieux moments où l’homme accablé de son mal a besoin de recueillir tout ce qui lui reste de force, pour ne s’occuper que du soin de faire sa paix avec Dieu. C’est alors que les ecclésiastiques vont troubler les mourants par des visites importunes, qu’ils les menacent de la rigueur des édits et déclarations de Votre Majesté s’ils refusent la confession et l’Eucharistie, et qu’à l’aide de ces menaces, ils s’efforcent d’ébranler leur constance. Il est facile de s’apercevoir que ce n’est pas la charité qui anime cette façon d’agir ; d’un côté, refuser obsti-