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gine que vous vous y porterez avec d’autant plus de plaisir, qu’il s’agit du bien de la religion, et que vous accompagnerez chaque fois cette lecture ou cette communication, de tout ce qu’un zèle moins vif qu’affectueux peut dire de touchant pour attirer les cœurs, tandis que le prince montre le glaive tranchant pour soumettre les volontés. » (Lettre de M. l’intend. de Bord. à MM. les curés des paroisses de sa génér. où il y a des nouv. conv., 4 p. p. fol. Mss. P. R.)

La lecture de cette pièce, considérée en entier, laisse voir que l’intendant de Tourny eut pour but d’effrayer les protestants, de les ramener par la douceur, et aussi de calmer le zèle amer du clergé en faveur des ordonnances. Il y a loin des remontrances de l’intendant de Tourny aux déclarations qui, exécutées à la lettre, eussent envoyé aux galères en masse une forte proportion de la population de l’arrondissement de Sainte-Foy. Les choses ne se passèrent point partout aussi doucement. Par arrêt de la chambre des vacations, du 23 septembre, le Parlement de Grenoble, sur le rapport du conseiller Ferrier de Montal, appliqua littéralement l’ordonnance aux réformés de son ressort ; il condamna quatre-vingt-douze protestants à des amendes de 400 liv. à 10 liv., parce que l’on avait tenu des assemblées. Le même arrêt cassa vingt-sept mariages célébrés au désert, par ce dispositif singulier et inhumain : « A fait aussi interdictions et défenses auxdits (accusés) de cohabiter avec leurs prétendues femmes, et auxdites (accusées) de cohabiter avec leurs prétendus maris, à peine d’être déclarés et punis comme concubinaires publics ; a déclaré les enfants qui peuvent être nés ou qui pourront naître à l’avenir de leur fréquentation, bâtards et in-