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pas portés à quelque chose d’aussi coupable, s’ils n’avaient été séduits par l’opinion que les émissaires de ce prédicant s’étaient appliqués à répandre dans ce canton, que le roi n’avait point désapprouvé de pareilles assemblées, qu’en conséquence elles devaient être regardées au moins comme tolérées, et qu’on pouvait y assister sans risque de se rendre criminel. Il ajouta ces paroles remarquables, qui démontrent combien on s’appliquait alors à modifier les rigueurs des édits dans la pratique administrative : « J’ai moins songé à faire arrêter les plus apparents d’entre eux pour les livrer aux poursuites rigoureuses de la justice, qu’à les mander pour leur remontrer avec douceur et menace la gravité de la faute qu’ils avaient commise, et la sévérité de la punition qu’ils méritaient si Sa Majesté n’avait la bonté d’user envers eux d’indulgence. » Ce fut l’intendant de Tourny qui prit ces sages mesures. Il ajouta encore ce passage qu’il adressait aux curés des paroisses : « La publication de mon ordonnance et la présence du prévôt général avec des brigades de maréchaussée ont détourné la tenue de l’assemblée, que dans celle du 21 le prédicant avait eu la hardiesse d’indiquer pour le dimanche 28. À peine y eut-il ce jour, soit à Sainte-Foy, soit dans les petites villes, bourgs et paroisses du voisinage, quelques mouvements de particuliers, plus curieux de voir ce qui se passerait que dans la disposition de désobéir. Tout doit donc être regardé à Sainte-Foy et aux environs comme calme, repentant, et absolument éloigné des nouvelles assemblées, dont l’on connaît le crime, et dont l’on craint la peine. » L’intendant invite les curés à lire les ordonnances du roi à leurs prônes plusieurs dimanches consécutifs ; il termine sa circulaire par cette phrase : « Je m’ima-