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des églises du désert.

Nous verrons que ces édits le furent aussi par la résistance intérieure d’une faible minorité de ses sujets.

Cette nouvelle situation, dont le trait le plus saillant, en ce qui touche l’histoire religieuse protestante, fut l’admission définitive de la nouvelle dynastie anglaise anti-catholique dans le droit national européen, en la personne de George 1er , dut exercer une grande influence sur la situation des protestants et sur la conduite de la cour de France à leur égard. Si, d’un côté, la paix permettait à Louis XIV de couvrir le midi du royaume de troupes aguerries et fort nombreuses, de l’autre, la coalition avait ruiné tout projet sérieux d’unité religieuse en Europe, et avait confirmé à jamais les transactions tolérantes du traité de Westphalie. Les rigueurs de Louis XIV ne pouvaient donc plus avoir d’autre objet que celui de faire régner une unité intérieure et de plier tout sujet à la religion du prince. La dévotion restait tout entière ; mais elle n’avait plus de but politique. Aussi, après tous ces événements, qui coïncidèrent avec la fin de la guerre des Cévennes, les persécutions contre les protestants du midi du royaume diminuèrent d’intensité et de suite. Quelques hommes, distingués au plus haut degré par le courage et le zèle, unis à une foi sans fanatisme, purent se livrer à l’espoir de faire renaître le culte protestant et son organisation régulière, dans des contrées, qui n’avaient pas cessé d’en être le foyer, malgré tant de combats, de désordres et de supplices. À peine le traité d’Utrecht eut-il été signé et à peine la guerre des camisards fut-elle arrivée à son terme, autant par les négociations que par les défaites, que la foi tranquille et patiente des anciens réformés se retrouva tout entière, et qu’on tenta, non sans succès, de réunir encore une