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histoire.

la traduction approuvée par les pasteurs de Genève.

La plus belle capture de ce genre fut opérée à Beaucaire. Il paraît qu’un libraire de Lyon, André Degoïn, avait jugé à propos de profiter de la foire pour débiter une forte partie de librairie protestante. Dès que cette marchandise fatale parvint à Beaucaire, 1735.
4 avril.
tout fut dénoncé à l’intendant. Alors, par jugement administratif, il fut dressé un immense bûcher devant l’hôtel-de-ville de Beaucaire ; les livres hérétiques furent brûlés en présence de M. de Beaulieu, subdélégué de l’intendance, des maires et consuls de la ville. Les Bibles, les Testaments, les psaumes, les livres de prières, les abrégés des Écritures, formèrent la base du feu. Ensuite on y jeta une masse considérable de l’excellent et pieux catéchisme de Charles Drelincourt, le savant et respectable pasteur de Paris, ainsi qu’une édition presque entière des sonnets chrétiens, par l’un de ses fils, le pasteur Laurent Drelincourt. Les Œuvres morales de Jean de La Placette, justement surnommé le Nicole réformé, vinrent aussi alimenter les flammes. Ce bûcher dévora encore les livres d’Isaac Jaquelot, consacrés aux démonstrations les plus logiques de l’existence de Dieu et de l’inspiration des Écritures saintes. Enfin deux cent vingt-cinq volumes des éloquents sermons de Saurin furent livrés à cet incendie qu’on eût dit avoir été allumé par une invasion de barbares. Tel fut le traitement que les ordres de la cour lettrée de Louis XV firent éprouver dans la province du Languedoc aux plus savantes et aux meilleures compositions des pasteurs protestants de France ; il est probable que leurs fameux contemporains en érudition et en génie oratoire, les Massillon, les dom de La Rue