l’état des choses que Saurin condamnait si fortement.
On est d’abord surpris de voir les curés des provinces,
où tant de débris d’églises florissaient au milieu
des orages, recommander à deux reprises l’emploi de mesures douces, auxquelles on n’était pas
habitué. Mais si l’on relit plus attentivement ce monument
d’une charité plus que douteuse, on reconnaît
assez vite que ses auteurs, loin de conseiller l’abandon
de ces mesures coercitives, dont leurs observations
même proclamaient l’impuissance, avaient en réalité
pour but de réveiller une ardeur assoupie. Ils cherchaient
à obtenir qu’on fit cesser les folles espérances
de la tolérance prochaine que les protestants
avaient rêvée ; ils disaient que le mal venait de ce
qu’on laissait les religionnaires tranquilles, et de ce
qu’on ne poursuivait pas assez vivement l’exécution
de la déclaration de 1724, avec ses sanctions pénales
de mort, de galères et de confiscations ; tels furent
les tristes avertissements qui parurent résulter de
l’esprit de cette pièce. Il paraît que le cardinal de
Fleury eut la sagesse de fermer l’oreille à ces insinuations,
aussi contraires à l’Évangile qu’à la paix publique.
Il renvoya le mémoire en Languedoc, au
comte de Saint-Maurice, intendant, qui se chargea
de son côté de réfuter les assertions du clergé par
une lettre à l’évêque d’Alais (fol. 8 pag. or. signée de B. de Saint-Maurice, Mss. P. R.). Nous ferons
1737.
14 août.connaître en entier cette pièce remarquable ; elle confirme tout ce que nous avons rapporté de l’organisation
des premiers synodes et des premiers travaux ;
elle laisse voir nettement quels étaient les rapports de
l’administration et du clergé touchant les protestants ;
elle démontre que les intendants se voyaient
forcés de modérer l’ardeur des prêtres, qui poussaient
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