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des églises du désert.

« après avoir longtemps attendu le remède à des maux si pressants, et voyant qu’on n’adoptait aucun remède pour les arrêter, » le clergé du midi s’adressa directement au cardinal premier ministre. Il commença par déclarer que plusieurs de ses membres desservaient leurs églises depuis quarante-cinq ans, et que jamais ils n’avaient vu les lois « plus ouvertement méprisées et plus impunément violées. »

La remontrance du clergé contre les protestants, est divisée en plusieurs chefs distincts où il est traité des questions religieuses, et aussi de celles qui ont rapport à l’état civil. Nous devons présenter quelques extraits de ce mémoire ; ils serviront à nous faire apprécier l’état du culte des réformés à cette époque, et les progrès qu’il avait faits depuis la fin des guerres religieuses.

Voyons comment le clergé même du théâtre de tant de persécutions parlait alors de ses frères dissidents ; et ne lisons ce mémoire qu’avec l’idée qu’il faut attribuer quelque exagération à l’âcreté d’une partie plaignante et à la haine théologique. Il nous faudra ensuite le comparer avec les autres renseignements certains que l’on possède sur l’état des églises au même temps. Il pourra résulter de ce rapprochement quelques confirmations utiles pour l’histoire ; d’ailleurs ce que le mémoire présente d’exagéré fut réfuté, comme nous le verrons, par une dépêche du gouverneur du Languedoc, qui est sous plusieurs points de vue en opposition avec leurs dires. On est frappé d’étonnement, en lisant la lettre du clergé cévenol au premier ministre du roi, de l’état inouï d’oppression où la jurisprudence du temps avait placé les réformés. Il faut observer que leur tableau, sauf quelques différences dans les détails, devait égale-