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des églises du désert.

nage et de Saurin avec le cabinet des stadholders et avec Leurs Hautes Puissances. Ces relations, toujours prudentes, et jamais systématiquement ennemies de la France, auraient cependant effrayé les ministres de Louis XV. En conséquence, si les exhortations de Saurin fussent restées dans l’obscurité, elles auraient été perdues ; si elles fussent devenues publiques, elles auraient été dangereuses. On ne le voit que trop ; rien de plus compliqué ni de plus difficile à bien saisir, que la position de l’illustre orateur de La Haye vis-à-vis de ses compatriotes français, demeurés parmi les églises nationales du désert. D’ailleurs, les lettres qu’il destinait aux protestants temporiseurs en France, la mort ne lui a pas laissé le temps de les leur adresser ; nous sommes par-là privés d’un épisode éloquent, et considérable pour notre sujet. Nous aurons occasion de revenir sur ce que Saurin a placé ici concernant l’état de la France sous le rapport des progrès du déisme.

Les récits de la position des églises auxquelles nous allons maintenant revenir vont confirmer d’une manière éclatante les jugements et les hésitations mêmes du prédicateur de La Haye. Son opinion sur la nécessité de la fermeté en face des prétentions de l’Église dominante fut soutenue tacitement par les décisions d’une foule de synodes du désert. Mais les exigences des édits atteignant les réformés dans tous les actes, sans exception, de leur vie civile et religieuse, leur imposèrent des dissimulations presque inévitables dans un temps si malheureux. Ces concessions d’un moment n’arrêtaient pas le progrès des églises dans les provinces du Languedoc. Il y a plus encore : les persécutions ne parurent pas ralentir la nouvelle organisation ecclésiastique, qui prenait chaque jour plus