Page:Coquerel - Histoire des églises du désert, Tome 1.djvu/262

Cette page a été validée par deux contributeurs.
248
histoire.

ulcéré contre nos persécuteurs, les premières années de notre persécution, nos plaies sont fermées depuis bien longtemps. Ils n’ont donc aucun lieu de soupçonner que nous leur parlerons comme des personnes aigries par les malheurs dans lesquels ils nous ont plongés. » (Préf., p. 4-8).

D’ailleurs Saurin déplore encore ici l’état du christianisme en France dans les premières années de Louis XV. Il déclare avoir besoin de toute sa soumission aux ordres du ciel pour voir avec résignation le redoublement des fléaux dont Dieu les visitait. Aussi il désirait très-vivement les voir réunis aux églises dont le malheur des temps les avait arrachés. L’exil des uns et le séjour des autres avait tronqué les familles : « l’un de nous est séparé de son frère, l’autre de son père, l’autre de son enfant. » (P. 24).

On voit percer trop manifestement ici l’éloignement de Saurin pour la conduite de ceux de ses frères qui étaient restés dans leur patrie. Selon sa pensée intime, ils méritaient tous la qualification de temporiseurs. Il est surprenant que Saurin eût porté sur eux un jugement aussi absolu ; il est probable qu’il n’avait que des renseignements fort incomplets sur leur conduite et sur leur noble résistance à l’abolition du culte. Cependant son opinion sur la conduite des églises du désert est singulière ; elle mérite que nous essayions de nous en rendre compte. Dans cette préface, principalement adressée aux églises de France, il se reproche de n’avoir pas donné à ses compatriotes des preuves assez sensibles de son amour. Il rappelle qu’ils avaient souvent imploré son secours ; qu’ils avaient demandé des directions ; qu’ils avaient exigé de lui des formulaires de piété convenables à leur état. « Nous nous sommes refusé jusqu’à pré-