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pitaliers. On ne peut se défendre de ressentir aussi de la tristesse en entendant ces illustres Français remercier les états-généraux de tous ces bienfaits de liberté et de calme qu’ils auraient dû trouver dans leur patrie, ou plutôt qu’ils n’auraient jamais dû perdre. « Il est vrai, disait Saurin aux églises du désert, que les catholiques nous ont réduit, nous et les compagnons de notre exil, aux dernières extrémités. Ils nous ont contraint à nous arracher au lieu de notre naissance ; ils nous ont envahi nos biens ; ils ne nous ont laissé d’autre ressource que la charité des peuples qui nous ont tendu les bras dans notre refuge… Mais ce qu’ils avaient peut-être d’abord pensé en mal, c’est une expression de l’Écriture, Dieu l’a formé en bien (Genèse, 50, 20). Nous leur devons du moins la guérison d’un préjugé né avec nous et dans lequel sont encore aujourd’hui la plupart des gens de notre nation : c’est qu’il n’y a point de séjour agréable hors de la France. Nous vivons dans des pays délicieux et sous le gouvernement du monde le plus doux. Nous trouvons dans les Provinces-Unies un dédommagement universel aux sacrifices que nous avons faits pour notre religion. Nos souverains sont en quelque sorte nos égaux par leur affabilité et par un certain esprit d’égalité qui règne dans les républiques, autant que cela est compatible avec le bien de la société. Ceux de nous qui ont quelque savoir et quelque industrie se sont poussés dans leur art. Nos frères exilés dans d’autres pays protestants y éprouvent mille douceurs, et s’il y en a quelques-uns qui se trouvent dans l’indigence, comme on ne saurait en disconvenir, ils en sont amplement récompensés par la paix de leur conscience, le plus précieux de tous les biens. Ainsi, quand nous aurions eu le cœur